- La quatre vingt quatorzième, p2
- La quatre vingt quinzième (...), p3
- la quatre vingt dix seizième, p4
- la quatre vingt dix septième, p5
- La quatre-vingt-huitième (...), p6
- La quatre vingt dix-neuvième, p7
- La centième nuit, p8
- La cent et troisième nuit, p9
- La cent et quatrième nuit, p10
- La cent et cinquième nuit, p11
- La cent et sixième nuit, p12
- La cent et septième nuit, p13
- La cent et huitième nuit, p14
- La cent et neuvième nuit, p15
- La cent dixième nuit, p16
- La cent onzième nuit, p17
- La cent douzième nuit, p18
- La cent treizième nuit, p19
- La cent quatorzième nuit, p20
- La cent cinquième nuit, p21
- La cent sixième nuit, p22
- La cent dix septième nuit, p23
- La cent dix huitième nuit, p24
- La cent dix neuvième nuit, p25
- La cent vingtième nuit, p26
- La cent vingt une nuit, p27
- La cent vingt deuxième nuit, p28
- La cent vingt troisième (...), p29
- La cent vingt quatrième (...), p30
- La cent vingt cinquième (...), p31
La cent onzième nuit
SIRE, le grand-visir Giafar adressant toujours la parole au calife Haroun Alraschild :
« Schemseddin Mohammed, dit-il, prit la route de Damas avec sa fille Dame de beauté, et Agib, son petit-fils. Ils marchèrent dix-neuf jours de suite sans s’arrêter en nul endroit ; mais le vingtième, étant arrivés dans une fort belle prairie peu éloignée des portes de Damas, ils mirent pied à terre, et firent dresser leurs tentes sur le bord d’une rivière qui passe au travers de la ville, et rend ses environs très-agréables.
« Le visir Schemseddin Mohammed déclara qu’il voulait séjourner deux jours dans ce beau lieu, et que le troisième il continuerait son voyage. Cependant il permit aux gens de sa suite d’aller à Damas. Ils profitèrent presque tous de cette permission, les uns poussés par la curiosité de voir une ville dont ils avoient ouï parler si avantageusement, les autres pour y vendre des marchandises d’Égypte qu’ils avoient apportées, ou pour y acheter des étoffes et des raretés du pays. Dame de beauté, souhaitant que son fils Agib eût aussi la satisfaction de se promener dans cette célèbre ville, ordonna à l’eunuque noir qui servait de gouverneur à cet enfant, de l’y conduire et de bien prendre garde qu’il ne lui arrivât quelqu’accident.
« Agib, magnifiquement habillé, se mit en marche avec l’eunuque, qui avait à la main une grosse canne. Ils ne furent pas plutôt entrés dans la ville, qu’Agib, qui était beau comme le jour, attira sur lui les yeux de tout le monde. Les uns sortaient de leurs maisons pour le voir de plus près, les autres mettaient la tête aux fenêtres ; et ceux qui passaient dans les rues, ne se contentaient pas de s’arrêter pour le regarder, ils l’accompagnaient pour avoir le plaisir de le considérer plus long-temps. Enfin, il n’y avait personne qui ne l’admirât et qui ne donnât mille bénédictions au père et à la mère qui avoient mis au monde un si bel enfant. L’eunuque et lui arrivèrent par hasard devant la boutique où était Bedreddin Hassan ; et là, ils se virent entourés d’une si grande foule de peuple, qu’ils furent obligés de s’arrêter.
» Le pâtissier qui avait adopté Bedreddin Hassan, était mort depuis quelques années, et lui avait laissé, comme à son héritier, sa boutique avec tous ses autres biens. Bedreddin étoit donc alors maître de la boutique, et il exerçait la profession de pâtissier si habilement, qu’il était en grande réputation dans Damas. Voyant que tant de monde assemblé devant sa porte, regardait avec beaucoup d’attention Agib et l’eunuque noir, il se mit à les regarder aussi…
Scheherazade, à ces mots, voyant paraître le jour, se tut ; Schahriar se leva fort impatient de savoir ce qui se passerait entre Agib et Bedreddin. La sultane satisfit son impatience sur la fin de la nuit suivante, et reprit ainsi la parole :