- La quatre vingt quatorzième, p2
- La quatre vingt quinzième (...), p3
- la quatre vingt dix seizième, p4
- la quatre vingt dix septième, p5
- La quatre-vingt-huitième (...), p6
- La quatre vingt dix-neuvième, p7
- La centième nuit, p8
- La cent et troisième nuit, p9
- La cent et quatrième nuit, p10
- La cent et cinquième nuit, p11
- La cent et sixième nuit, p12
- La cent et septième nuit, p13
- La cent et huitième nuit, p14
- La cent et neuvième nuit, p15
- La cent dixième nuit, p16
- La cent onzième nuit, p17
- La cent douzième nuit, p18
- La cent treizième nuit, p19
- La cent quatorzième nuit, p20
- La cent cinquième nuit, p21
- La cent sixième nuit, p22
- La cent dix septième nuit, p23
- La cent dix huitième nuit, p24
- La cent dix neuvième nuit, p25
- La cent vingtième nuit, p26
- La cent vingt une nuit, p27
- La cent vingt deuxième nuit, p28
- La cent vingt troisième (...), p29
- La cent vingt quatrième (...), p30
- La cent vingt cinquième (...), p31
La quatre-vingt-huitième nuit
« QUAND le génie, reprit le grand visir Giafard, eut attentivement considéré Bedreddin Hassan, il dit en lui-même :
« À juger de cette créature par sa bonne mine, ce ne peut être qu’un ange du paradis terrestre, que Dieu envoie pour mettre le monde en combustion par sa beauté. »
Enfin, après l’avoir bien regardé, il s’éleva fort haut dans l’air, où il rencontra par hasard une fée. Ils se saluèrent l’un et l’autre ; ensuite le génie dit à la fée : « Je vous prie de descendre avec moi jusqu’au cimetière où je demeure, et je vous ferai voir un prodige de beauté, qui n’est pas moins digne de votre admiration que de la mienne. » La fée y consentit : ils descendirent tous deux en un instant ; et lorsqu’ils furent dans le tombeau : « Hé bien, dit le génie à la fée, en lui montrant Bedreddin Hassan, avez-vous jamais vu un jeune homme mieux fait et plus beau que celui-ci ? »
« La fée examina Bedreddin avec attention ; puis se tournant vers le génie :
« Je vous avoue, lui répondit-elle, qu’il est très-bien fait ; mais je viens de voir au Caire tout-à-l’heure un objet encore plus merveilleux, dont je vais vous entretenir si vous voulez m’écouter. » « Vous me ferez un très-grand plaisir, répliqua le génie. »
« Il faut donc que vous sachiez, reprit la fée (car je vais prendre la chose de loin), que le sultan d’Égypte a un visir qui se nomme Schemseddin Mohammed, et qui a une fille âgée d’environ vingt ans. C’est la plus belle et la plus parfaite personne dont on ait jamais ouï parler. Le sultan, informé par la voix publique de la beauté de cette jeune demoiselle, fit appeler le visir, son père, un de ces derniers jours, et lui dit :
« J’ai appris que vous avez une fille à marier ; j’ai envie de l’épouser : ne voulez-vous pas bien me l’accorder ? » Le visir, qui ne s’attendait pas à cette proposition, en fut un peu troublé ; mais il n’en fut pas ébloui ; et au lieu de l’accepter avec joie, ce que d’autres à sa place n’auraient pas manqué de faire, il répondit au sultan :
« Sire, je ne suis pas digne de l’honneur que votre majesté me veut faire, et je la supplie très-humblement de ne pas trouver mauvais que je m’oppose à son dessein. Vous savez que j’avais un frère nommé Noureddin Ali, qui avait comme moi l’honneur d’être un de vos visirs. Nous eûmes ensemble une querelle qui fut cause qu’il disparut tout-à-coup, et je n’ai point eu de ses nouvelles depuis ce temps-là, si ce n’est que j’ai appris, il y a quatre jours, qu’il est mort à Balsora dans la dignité de grand visir du sultan de ce royaume. Il a laissé un fils ; et comme nous nous engageâmes autrefois tous deux à marier nos enfants ensemble, supposé que nous en eussions, je suis persuadé qu’il est mort dans l’intention de faire ce mariage. C’est pourquoi de mon côté, je voudrais accomplir ma promesse, et je conjure votre majesté de me le permettre. Il y a dans cette cour beaucoup d’autres seigneurs qui ont des filles comme moi, et que vous pouvez honorer de votre alliance. »
« Le sultan d’Égypte fut irrité au dernier point contre Schemseddin Mohammed…
Scheherazade se tut en cet endroit, parce qu’elle vit paraître le jour. La nuit suivante, elle reprit le fil de sa narration, et dit au sultan des Indes, en faisant toujours parler le visir Giafar au calife Haroun Alraschild :