- La quatre vingt quatorzième, p2
- La quatre vingt quinzième (...), p3
- la quatre vingt dix seizième, p4
- la quatre vingt dix septième, p5
- La quatre-vingt-huitième (...), p6
- La quatre vingt dix-neuvième, p7
- La centième nuit, p8
- La cent et troisième nuit, p9
- La cent et quatrième nuit, p10
- La cent et cinquième nuit, p11
- La cent et sixième nuit, p12
- La cent et septième nuit, p13
- La cent et huitième nuit, p14
- La cent et neuvième nuit, p15
- La cent dixième nuit, p16
- La cent onzième nuit, p17
- La cent douzième nuit, p18
- La cent treizième nuit, p19
- La cent quatorzième nuit, p20
- La cent cinquième nuit, p21
- La cent sixième nuit, p22
- La cent dix septième nuit, p23
- La cent dix huitième nuit, p24
- La cent dix neuvième nuit, p25
- La cent vingtième nuit, p26
- La cent vingt une nuit, p27
- La cent vingt deuxième nuit, p28
- La cent vingt troisième (...), p29
- La cent vingt quatrième (...), p30
- La cent vingt cinquième (...), p31
La cent treizième nuit
LE lendemain avant le jour, Dinarzade réveilla sa sœur, qui reprit ainsi son discours :
« Bedreddin Hassan, continua le visir Giafar, courut donc après Agib et l’eunuque, et les joignit avant qu’ils fussent arrivés à la porte de la ville. L’eunuque s’étant aperçu qu’il les suivait, en fut extrêmement surpris. « Importun que vous êtes, lui dit-il en colère, que demandez-vous ? »
« Mon bon ami, lui répondit Bedreddin, ne vous fâchez pas, j’ai hors de la ville une petite affaire dont je me suis souvenu, et à laquelle il faut que j’aille donner ordre. » Cette réponse n’apaisa point l’eunuque, qui, se tournant vers Agib, lui dit : « Voilà ce que vous m’avez attiré. Je l’avais bien prévu, que je me repentirais de ma complaisance : vous avez voulu entrer dans la boutique de cet homme ; je ne suis pas sage de vous l’avoir permis. » « Peut-être, dit Agib, a-t-il effectivement affaire hors de la ville ; et les chemins sont libres pour tout le monde. »
En disant cela, ils continuèrent de marcher l’un et l’autre sans regarder derrière eux, jusqu’à ce qu’étant arrivés près des tentes du visir, ils se retournèrent pour voir si Bedreddin les suivait toujours. Alors Agib remarquant qu’il était à deux pas de lui, rougit et pâlit successivement, selon les divers mouvements qui l’agitaient. Il craignait que le visir, son aïeul, ne vînt à savoir qu’il était entré dans la boutique d’un pâtissier, et qu’il y avait mangé. Dans cette crainte, ramassant une assez grosse pierre qui se trouva à ses pieds, il la lui jeta, le frappa au milieu du front, et lui couvrit le visage de sang ; après quoi se mettant à courir de toute sa force, il se sauva sous les tentes avec l’eunuque, qui dit à Bedreddin Hassan, qu’il ne devait pas se plaindre de ce malheur qu’il avait mérité et qu’il s’était attiré lui-même.
« Bedreddin reprit le chemin de la ville en étanchant le sang de sa plaie avec son tablier qu’il n’avait pas ôté. « J’ai tort, disait-il en lui-même, d’avoir abandonné ma maison pour faire tant de peine à cet enfant ; car il ne m’a traité de cette manière, que parce qu’il a cru sans doute que je méditais quelque dessein funeste contre lui. » Étant arrivé chez lui, il se fit panser, et se consola de cet accident, en faisant réflexion qu’il y avait sur la terre une infinité de gens encore plus malheureux que lui…
Le jour qui paraissait, imposa silence à la sultane des Indes. Schahriar se leva en plaignant Bedreddin, et fort impatient de savoir la suite de cette histoire.