- La quatre vingt quatorzième, p2
- La quatre vingt quinzième (...), p3
- la quatre vingt dix seizième, p4
- la quatre vingt dix septième, p5
- La quatre-vingt-huitième (...), p6
- La quatre vingt dix-neuvième, p7
- La centième nuit, p8
- La cent et troisième nuit, p9
- La cent et quatrième nuit, p10
- La cent et cinquième nuit, p11
- La cent et sixième nuit, p12
- La cent et septième nuit, p13
- La cent et huitième nuit, p14
- La cent et neuvième nuit, p15
- La cent dixième nuit, p16
- La cent onzième nuit, p17
- La cent douzième nuit, p18
- La cent treizième nuit, p19
- La cent quatorzième nuit, p20
- La cent cinquième nuit, p21
- La cent sixième nuit, p22
- La cent dix septième nuit, p23
- La cent dix huitième nuit, p24
- La cent dix neuvième nuit, p25
- La cent vingtième nuit, p26
- La cent vingt une nuit, p27
- La cent vingt deuxième nuit, p28
- La cent vingt troisième (...), p29
- La cent vingt quatrième (...), p30
- La cent vingt cinquième (...), p31
La cent sixième nuit
SUR la fin de la nuit suivante, Scheherazade adressant la parole au sultan des Indes : Sire, dit-elle, le grand-visir Giafar poursuivit ainsi l’histoire de Bedreddin Hassan :
« Bedreddin, dit-il, continua d’exercer sa profession de pâtissier à Damas, et son oncle Schemseddin Mohammed en partit trois jours après son arrivée. Il prit la route d’Emese, d’où il se rendit à Hamach [6], et delà à Alep où il s’arrêta deux jours. D’Alep il alla passer l’Euphrate, entra dans la Mésopotamie ; et après avoir traversé Mardin, Moussoul, Sengira, Diarbekir [7] et plusieurs autres villes, arriva enfin à Balsora, où d’abord il fit demander audience au sultan, qui ne fut pas plutôt informé du rang de Schemseddin Mohammed, qu’il la lui donna. Il le reçut même très-favorablement, et lui demanda le sujet de son voyage à Balsora. « Sire, répondit le visir Schemseddin Mohammed, je suis venu pour apprendre des nouvelles du fils de Noureddin Ali, mon frère, qui a eu l’honneur de servir votre majesté. » « Il y a longtemps que Noureddin Ali est mort, reprit le sultan. À l’égard de son fils, tout ce qu’on vous en pourra dire, c’est qu’environ deux mois après la mort de son père, il disparut tout-à-coup, et que personne ne l’a vu depuis ce temps-là, quelque soin que j’aie pris de le faire chercher. Mais sa mère, qui est fille d’un de mes visirs, vit encore. » Schemseddin Mohammed lui demanda la permission de la voir et de l’emmener en Égypte. Le sultan y ayant consenti, il ne voulut pas différer au lendemain à se donner cette satisfaction ; il se fit enseigner où demeurait cette dame, et se rendit chez elle à l’heure même, accompagné de sa fille et de son petit-fils.
» La veuve de Noureddin Ali demeurait toujours dans l’hôtel où avait demeuré son mari jusqu’à sa mort. C’était une très-belle maison, superbement bâtie et ornée de colonnes de marbre ; mais Schemseddin Mohammed ne s’arrêta pas à l’admirer. En arrivant, il baisa la porte et un marbre sur lequel était écrite en lettres d’or le nom de son frère. Il demanda à parler à sa belle-sœur. Les domestiques lui dirent qu’elle était dans un petit édifice en forme de dôme, qu’ils lui montrèrent au milieu d’une cour très-spacieuse. En effet, cette tendre mère avait coutume d’aller passer la meilleure partie du jour et de la nuit dans cet édifice qu’elle avait fait bâtir pour représenter le tombeau de Bedreddin Hassan qu’elle croyait mort, après l’avoir si long-temps attendu en vain. Elle y était alors occupée à pleurer ce cher fils, et Schemseddin Mohammed la trouva ensevelie dans une affliction mortelle.
» Il lui fit son compliment ; et après l’avoir suppliée de suspendre ses larmes et ses gémissements, il lui apprit qu’il avait l’honneur d’être son beau-frère, et lui dit la raison qui l’avait obligé de partir du Caire, et de venir à Balsora…
En achevant ces mots, Scheherazade voyant paraître le jour, cessa de poursuivre son récit ; mais elle en reprit le fil de cette sorte sur la fin de la nuit suivante :